FINALE DU CONCOURS DE PLAIDOIRIE
SUR LES DROITS HUMAINS 2015-2016
Présentation de Mme Pauline LECARPENTIER
Secrétaire Générale du BDHH
Le Bureau des Droits Humains en Haïti est une jeune organisation haïtienne qui s’inscrit dans la continuité des combats que mènent depuis plusieurs années déjà des avocats haïtiens spécialisés en droits humains. Litige stratégique, assistance légale aux démunis, vulgarisation du droit, combat contre l’impunité et appui aux victimes d’arbitraire….
Le thème de la contribution écrite qui était proposé aux candidats et candidates pour les présélections de cette première édition du Concours se lit comme suit : « Comment les avocat-e-s peuvent-ils renforcer l’Etat de droit en Haïti?« . Il s’agit en vérité du cœur de la question qui nous anime. Quel peut être l’apport de professionnels du droit au renforcement de cette justice qui a encore tant de mal à vivre?
Au-delà des cabinets et des initiatives individuelles, le désir est né de mettre sur pied une structure institutionnelle qui soit en mesure de construire des projets de plus grande envergure. De réfléchir et d’appliquer des bonnes pratiques, basées sur le respect des règles éthiques et déontologiques, mais aussi sur une volonté de ne pas se laisser faire par les dysfonctionnements du système. Ne pas accepter une décision illégale, déposer des recours. Ne pas se soumettre à l’arbitraire, dénoncer les mauvaises pratiques. Mettre les autorités, les juges, devant leurs responsabilités, pour qu’ils ne puissent plus se cacher derrière leurs beaux discours. Utiliser tous les outils que le droit nous propose, y compris devant les instances internationales. Et parler, parler ensemble, pour sortir de l’oubli ces trop nombreuses personnes victimes d’injustice.
Le pays compte beaucoup d’organisations de base qui font un travail remarquable en matière de droits humains : de dénonciation, de monitoring, de plaidoyer, d’accompagnement… Mais bien souvent, ces organisations ne sont pas suffisamment armées lorsque le combat entre sur la scène judiciaire. C’est dans cette complémentarité que le BDHH se propose de s’inscrire. En mettant à disposition son expertise pour assurer la défense de cas de violations des droits humains devant les tribunaux.
Il s’agit également de voir plus loin. La profession manque tellement d’espace de réflexion, de partage, de formation, de recherche et de production de savoir ! C’est dans cette dynamique que s’inscrit ce premier Concours de plaidoirie. Mettre à l’honneur de jeunes étudiant-e-s brillants dans des combats de mots en faveur des droits humains. Créer des ponts entre le milieu universitaire et le domaine professionnel, susciter des débats. Identifier et accompagner des jeunes qui, nous l’espérons, deviendront un jour des professionnels à la fois qualifiés, intègres et traversés par la cause des droits humains.
Nous sommes heureux de cette première initiative, qui s’est révélée aller au delà de nos propres attentes. Durant les joutes éliminatoires qui se sont tenues ces deux dernières semaines, nous avons été interpellés par la qualité de ces jeunes, par la puissance des débats. C’est dans ces moments qu’il est permis de se ressourcer et de se dire que tout n’est pas perdu, malgré l’image affligeante offerte par les agitations politiques. Il y a toujours beaucoup d’espoir, et il est dans cette jeunesse si vive.
Nous sommes fiers des 22 étudiant-e-s en droit, provenant des différentes universités du pays, qui ont été retenus parmi la quarantaine de candidats venus des quatre coins du pays : Jacmel, le Cap, Gonaïves, les Cayes, Port-au-Prince …. ils et elles se sont affronté-e-s ces deux dernières semaines autour de thématiques aussi diverses qu’essentielles : La mise en place de quotas, Le mariage monogame, L’expulsion des personnes sans droit de propriété, La présence de l’international dans le processus électoral, Le recours à la société civile dans la résolution des crises politiques, La restauration de l’armée haïtienne, Le libre accès à l’université, La grâce présidentielle, L’implication des autorités religieuses dans les affaires politiques, Le mariage homosexuel, Le droit à l’avortement, La légitimité de la justice pénale internationale.
De ces débats, il nous reste ces 6 candidat-e-s qui ont réussi avec brillo à se qualifier pour cette phase ultime du Concours. Il s’agit de Marc-Edwens THELUSMA, de la Faculté de droit et de sciences économiques de Port-au-Prince, de Marc-Henry BRUTUS, de l’Université Quisqueya, de Osse-Manuel RECULE, de l’école de droit et de sciences économiques de Jacmel, de Laeticia Gaelle SAINT LOUIS, de l’Université Quisqueya, de Katia BELONY et Daniel PIERRE PHILIPPE, de la Faculté de droit et de sciences économiques de Port-au-Prince.
Ils s’opposeront en demi-finale au cours de trois premières joutes oratoires, avant de se retrouver -pour les meilleurs- après la pause, dans les deux joutes finales. Nous aurons le plaisir de les entendre débattre des thèmes suivants : L’encadrement de la liberté de la presse, La réforme foncière, La rétroactivité de la réforme sur la paternité responsable, Les immunités de juridiction, Le caractère universel du discours sur les droits humains.
A eux de jouer, et d’investir cette toute nouvelle salle d’audience du Palais de Justice de la Cour de Cassation !
Avant de leur céder la place, le BDHH souhaite saluer l’équipe d’Avocats Sans Frontières Canada (ASFC), partenaire dans la réalisation de ce beau projet, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme sur les bonnes pratiques en matière d’assistance légale financé par le Bureau de la Coopération Suisse, que nous saluons aujourd’hui. Nos remerciements vont également à l’Organisation internationale de la Francophonie ainsi qu’à l’Agence Universitaire de la Francophonie qui nous ont apporté leur appui pour la constitution des prix. Merci enfin à l’Université Quisqueya qui a accueilli le concours dans ses premières phases.
Merci à vous enfin, chère assistance, en espérant que vous serez un bon public pour nos débatteurs!