Communiqué du Collectif de défenseurs des victimes de la Saline

 

COMMUNIQUE DE PRESSE – 2 ANS APRES LE MASSACRE …
COLLECTIF DES DEFENSEURS DES VICTIMES DE LA SALINE
13 novembre 2020
 

Deux ans, déjà, depuis ce 13 novembre 2018. Triste anniversaire pour l’un des pires massacres de notre histoire. Plus de 71 personnes assassinées, des dizaines de femmes violées, des centaines de maisons incendiées. Autant de violences, en une nuit, et aucune réaction, en deux ans.

Le dossier judiciaire est au point mort. Jusqu’à présent, la Cour de Cassation ne s’est même pas donnée la peine d’examiner le recours en récusation porté contre le juge d’instruction par les anciens hauts fonctionnaires indexés par l’enquête.

La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), saisie par le Collectif des Défenseurs des victimes de la Saline, a ordonné le 31 décembre 2019 des mesures conservatoires face à « la situation de gravité et d’urgence » dans laquelle se trouvent les victimes « étant donné que leurs droits à la vie et à l’intégrité de la personne sont exposés à un risque de dommage irréparable ».

La CIDH a expressément demandé aux autorités haïtiennes :

« 1) D’adopter les mesures nécessaires afin de protéger les droits à la vie et à l’intégrité de la personne aux membres du Collectif des victimes de la Saline ;
2) D’adopter les mesures nécessaires afin de garantir que les bénéficiaires puissent exercer leurs activités de défense des droits humains sans faire l’objet de menace, d’intimidation ou d’actes de violence dans l’exercice de leur fonction ; 3) De décider des mesures à adopter en concertation avec les bénéficiaires et leurs représentants ;
4) De faire part des actions adoptées afin d’enquêter sur les faits allégués ayant donné lieu à l’approbation de la présente demande de mesure conservatoire et, ainsi, d’éviter qu’ils se reproduisent ».

L’Etat haïtien n’a pas même pris la peine de prendre acte de cette décision, ni de répondre à la lettre ouverte adressée au Président de la République le 3 juin 2020.

Que dire à ces victimes qui ont risqué leur vie pour porter, au nom de la société haïtienne, cette demande de justice ? Que faire face aux conditions inhumaines et dégradantes dans lesquelles elles sont plongées depuis ?

Cela fait des mois, deux années maintenant, que la situation est grave, et urgente. Et que rien ne se passe, si ce n’est de nouveaux massacres, et toujours plus de violences et d’impunité. Les dommages sont d’ores et déjà irréparables…

Après des mois d’inertie, la CIDH vient d’annoncer une réunion bilatérale avec l’Etat haïtien.

Le Collectif ne peut que saluer ce frémissement, et espérer qu’il permettra d’éviter le naufrage annoncé de l’Etat de droit en Haïti, et avec lui de l’échec des institutions censées assurer le respect et la défense effective des droits humains dans
le pays.