Résultats des 1/4 de finale du concours

 

Fichier JPEGDiscours d’introduction de Pauline LECARPENTIER, Secrétaire générale du BDHH

Bonjour à tous et à toutes

Nous nous retrouvons aujourd’hui ici à la FOKAL en ce 8 mars pour écouter 8 jeunes talentueux qui ont osé mettre un pied, puis l’autre, dans cette grande aventure qu’est le Concours de plaidoirie sur les droits humains.

Nous en sommes à la 4ème édition. 4 ans que nous prêtons attention à la relève. Et qu’elle nous interpelle. Qu’elle nous conforte dans notre conviction que les choses ne pourront changer qu’avec les personnes. Qu’elle nous réconforte dans notre sentiment qu’il y a toujours des gens en Haïti. Des jeunes qui pensent, des jeunes qui s’impliquent, des jeunes qui prennent la parole pour faire changer les choses.

Ce concours est un ressourcement dans cette errance politico-judiciaire qui nous désarçonne et dont mois après mois, années après années, on ne cesse de chercher le fond. On dit parfois que les avocats sont tous des voleurs. Des beaux parleurs, qui jouent d’effets de manches pour tromper davantage encore la réalité. Je suis fière de m’inscrire en faux contre cette affirmation. Je suis fière de partager ici toute l’estime que je porte à ces avocats que je côtoie chaque jour au bureau. Ces professionnels qui offrent leur expertise pour rendre la justice plus humaine.

En quatre ans, près d’une centaine de jeunes ont plaidé dans ces joutes oratoires. Pour cette édition, ce sont 28 candidat-e-s qui ont été présélectionnés sur la base d’une dissertation portant sur la poursuite des faits de corruption. Ils se sont affrontés une première fois autour de 14 sujets. 3 demi-journées de débats animés, de réflexions, d’émotions, de frustrations aussi. La loi du concours est rude. Elle laisse en route des personnes de valeur… Que nous saluons aujourd’hui dans le public.

Les 14 sélectionnés se sont affrontés de nouveau la semaine dernière, 1 journée complète de débats autour de 7 thèmes passionnants. La dénonciation publique des faits de harcèlement, La justice privée, Le droit de grève pour les personnels médicaux, la guerre juste, la gestation pour autrui, la restauration de l’armée haïtienne, la médiation pénale.

Les 8 qualifiés sont parmi nous aujourd’hui. JEAN BAPTISTE Nem, GREGOIRE Esther, SAINT FORT Woodly, MICHEL Sondernyse, SAINT LOUIS Rose Irdelle, TOUSSAINT John Rubens, SYVRAIN Jerry, COQUILLON Kimberly.

En ce 8 mars, je voudrais souligner l’exacte parité entre nos concourants. 4 garçons, 4 filles.

Depuis la première édition, la thématique du quota est un sujet incontournable, qui a donné lieu à des joutes passionnées. Pour, ou contre. Vaste débat. Au BDHH, nous n’avons pas souhaité jusqu’à présent instaurer ce type de politique pour le concours. Celle-ci vient malheureusement parfois faire plus de mal que de bien, en déréglant le jeu complexe des évaluations.

Mais nous sommes conscients, convaincus, de la nécessité de mener des actions positives pour inciter les femmes à prendre la place dans la cité. A prendre la parole à égalité. Comment combattre ces multiples obstacles qui se dressent devant le parcours professionnel de ces jeunes ? N’y a-t-il pas presque autant, sinon plus, d’étudiantes dans les facultés ? Pourquoi alors est-ce si difficile de les retrouver au barreau, dans les fonctions à responsabilités ?

Seules 2 étudiantes ont participé à la première édition du concours en 2015, dont l’une, sacrée finaliste, est aujourd’hui une ressource essentielle du BDHH.

Pour cette édition, ce sont 6 candidates qui ont été présélectionnées. 6 filles brillantes, qui ont, je le pense, fait honneur aux femmes. Je crois beaucoup aux exemples. Ces jeunes filles représentent plus qu’elles-mêmes, car elles représentent la possibilité pour les autres de faire la même chose, et même, de le faire mieux.

Il ne s’agit pas aujourd’hui de les sélectionner parce qu’elles sont femmes. Elles auront autant de chances que les autres d’y arriver et, je le crois, elles ont autant de chances que les autres d’y arriver. Il s’agit à travers vous mesdames d’inciter davantage d’étudiantes à nous rejoindre l’année prochaine, et les années suivantes, pour mettre davantage de couleur parmi ces costumes gris.

Nous nous retrouvons aujourd’hui dans la phase sans doute la plus délicate du concours. Les ¼ de finale. La phase qui souvent a donné lieu aux plus beaux discours. Aux affrontements les plus profonds. La phase déjà publique qui précède la controverse finale dans le temple de Thémis.

Cela a tout son sens pour nous de faire escale ici avant de nous rendre au cœur du pouvoir judiciaire. La connaissance et la liberté sont les deux piliers sur lesquels nous devons nous appuyer pour avancer. Pour nourrir le débat d’esprit critique.

4 sujets inédits nous réunissent aujourd’hui. La pénalisation de la prostitution, la divulgation de documents confidentiels, l’adoption plénière, les frontières. Nous le rappelons, les concourants n’ont pas choisi leur cause. Il ne s’agit donc pas ici de les juger sur le sujet qu’ils ont tiré au sort, mais sur leur talent à se l’approprier, à nous le faire comprendre, à nous convaincre du bien-fondé de cette cause dont ils sont pour un jour les défenseurs.

Ils auront à le faire dans leur langue maternelle. A cette phase du concours, nous imposons le créole comme langue préférentielle. Plusieurs ont invoqué la constitution haïtienne pour contester cette décision… Et pourtant, elle fait selon moi sens. Le pouvoir judiciaire exclut par la langue. Il reste étranger à une majorité de la population qui n’a pas accès au plus basique des droits, celui d’entendre ce qu’on lui dit, de comprendre ce qu’on lui reproche.

C’est de cette exclusion que nous souhaitons parler aujourd’hui par une action positive.

Alors, ann pale ! Ann koze !

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